MESSAGE
DE NOËL DE MONSEIGNEUR URBAIN NGASSONGO, EVÊQUE DU DIOCESE DE GAMBOMA
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix
sur la terre aux hommes qu’il aime » (Lc 2, 14)
Frères et sœurs en
Christ,
Etant donné que
nombreux parmi vous ne pourront pas participer à la célébration de la nativité
du Seigneur le 25 Décembre, à cause des mesures prises par le gouvernement, je
voudrais vous faire parvenir ce message de Noël pour affermir votre foi et vous
exprimer ma compassion. Malgré tout, vivez ce temps dans la joie en gardant
votre espérance dans le Christ Jésus notre Sauveur.
« Le verbe s’est
fait « chair » et il a habité parmi nous » (Jn 1,14), s’exclame
saint Jean aux premières phrases de son Evangile. Et ainsi se résume dans cette
exclamation johannique toute la vérité de foi que nous professions et que nous
célébrions aujourd’hui: Le mystère de l’Incarnation qui se veut rédempteur pour
chaque homme, pour tout homme, pour tout l’homme.
Noël, c’est le mystère
des paradoxes:
1. Paradoxe du
Dieu infiniment grand qui s’est fait infiniment petit.
2. Paradoxe du
Dieu invisible qui s’est fait visible d’où le nom « Emmanuel » (Dieu
avec nous).
3. Paradoxe du
vrai Dieu qui s’est fait vraiment Homme: il a tout connu de l’homme, à
l’exception du péché (He 4, 15), parce qu’il nous entraîne hors du péché, là où
il est, là où il vit.
Noël, c’est la fête du non-conformisme de Dieu qui quitte
son éternité pour s’insérer dans le temps de notre humanité, s’incarner dans
nos limites et nos faiblesses, notre petitesse et nos lenteurs. Avec
la Covid-19, nous expérimentons la visibilité et l’invisibilité de notre
faiblesse humaine. En laissant Dieu naître dans l’humus de cette fragilité, il
rend l’homme capable de fertiliser et de féconder des projets de développement
capables de pulvériser ce petit machin (Covid-19). Nous
saluons déjà les efforts des vaillants hommes de paix qui mettent à la
disposition de l’humanité des remèdes efficaces. Cependant, avec le Christ et
l’enseignement de l’Eglise nous sommes appelés à la vigilance.
La venue de Dieu dans
notre histoire est une œuvre rédemptrice et créatrice de la paix humaine. Car
en lui, notre Rédempteur et Sauveur, « Amour et vérité se
rencontrent, justice et paix s’embrassent » (Ps 84, 11).
Qu’il donne à notre
pays, toujours en quête de bien-être, de vivre l’horizon de caractère humain
qui approche à grand pas dans un esprit de justice et de paix. C’est là un
événement important pour la bonne gouvernance qui ne peut laisser indifférent
nos consciences de citoyens chrétiens.
La foi est en effet
ordonnée à donner à tous les domaines de la vie le sens de Dieu. Le Pape François déclare à ce propos
que « l’une des pires hérésies possibles de notre époque, c’est de
penser que le Seigneur et nos Communautés n’ont rien à dire et à apporter à ce
monde nouveau qui est en gestation ». Nous devons par conséquent, sans arrière-pensée ni parti-pris mais par
fidélité à Dieu, promouvoir avec le mieux-être, le progrès humain et spirituel
de tous. Car, pour le pape Paul VI « combattre
la misère et lutter contre l’injustice, c’est travailler à la construction de la paix ».
Noël est une fête qui
ne laisse personne totalement indifférent. C’est l’Incarnation de la paix dans
le monde et dans nos milieux de vie. Cette incarnation de la paix qui vient de
Dieu sauve la paix humaine. Il existe dans nos réalités humaines des structures de paix. Mais notre action est
de s’ouvrir à la vraie paix qui se visibilise dans la personne de Jésus-Christ.
Nous sommes donc appelés de laisser Jésus naître dans nos cœurs pour que nous
soyons des boussoles vivantes de l’amour, la justice et la paix. Que la
naissance de Jésus fasse de nous de véritables semeurs de la paix dans le
monde, dans notre pays, nos familles et surtout dans l’ADN de notre tissu
culturel des plateaux.
Dans son encyclique Populorum
Progressio de 1967, le pape Paul VI affirmait que le « développement est le nouveau nom de la paix ».
Cette paix poursuit-il « ne se réduit pas à une absence de
guerre, fruit de l’équilibre toujours précaire des forces. Elle se construit jour après jour, dans la
poursuite d’un ordre voulu de Dieu, qui comporte une justice plus parfaite
entre les hommes ».
Il est vrai que la
paix (la béatitude le reconnaît) est une construction. Elle demande ardeur,
travail, sueur, jour après jour. Mais nous savons également que toute réalité
humaine connaît un lent déclin et nécessite une incessante surenchère. Alors, résonne à nos oreilles, cette phrase
du Christ: « Je vous donne ma paix,
je vous laisse ma paix, non pas comme le monde la donne... » (Jn 14,
27).
L’Eglise proclame l’« Evangélisation de la paix »
(Ep 6,15). En annonçant Jésus-Christ, qui est la paix en personne (Ep 2,14), la
nouvelle évangélisation engage tout baptisé à être instrument de pacification
et témoin crédible d’une vie réconciliée (Cf. Pape François, Evangelii
Gaudium, p. 188).
La réconciliation, ce
mystère de la Rédemption, est le fait que le Christ nous unit au Père et, à ce
moment-là, nous donne les uns aux autres comme frères. Nul ne choisit son
frère, il le reçoit de son père. C’est une grâce d’être ainsi donnés les uns
aux autres. Dans l’Eglise, cet endroit
où nous nous retrouvons si différents, Dieu nous présente les uns aux autres
comme frères. Le geste de la paix constitue la reconnaissance que le voisin, à
qui vous ne parleriez pas dans la rue à cause de son appartenance ethnique,
politique etc. vous est présenté comme frère à aimer par Dieu (Cf. Albert Rouet,
Le Christ des béatitudes p. 161)
Croire est ce travail,
où reconnaissant Dieu comme Père, nous accomplissons l’œuvre de fraternité.
Alors nous pouvons travailler pour la paix, non pas au prix de nos
marchandages, de nos compromissions ou de nos violences, mais en reconnaissant
le plus réellement possible que tout homme est donné comme frère.
Dieu seul, à ce
moment-là, donne la lumière et la force qui permettent d’établir une paix qui
soit à la fois puissance de la vie et la force de la justice, parce que Dieu
seul traite chaque homme avec un infini respect par le total amour du Christ
mourant pour chacun d’entre nous.
« Heureux
ceux qui travaillent pour la paix, ils seront appelés fils de Dieu »
(Mt 5,9).
L’artisan de paix
accomplit l’œuvre du Fils. L’artisan de paix continue le mystère unique de la
rédemption qui, réconciliant toute l’humanité avec Dieu, nous réconcilie les
uns et les autres comme frères, et nous redonnant notre vocation : « Je serai ton Père, tu seras mon fils
pour toujours » (2S 7, 14 ; He 1,5 ; Cf. Albert Rouet, Le Christ
des béatitudes p. 162)
Les yeux fixés sur l’Emmanuel (Dieu avec nous), nous le prions de
nous aider à être les témoins de la paix véritable.
Que Notre Dame de la paix nous accompagne dans la réalisation de l’œuvre
de la paix de Dieu dans nos milieux existentiels.
Donné à Gamboma le 24 Décembre 2020, en la solennité
de la Nativité du Seigneur.