Son Excellence Monseigneur Urbain NGASSONGO,
évêque diocésain de Gamboma, réuni autour de ses fils et filles prêtres-religieux
et religieuses-fidèles laïcs, a présidé en dates du 09 au 12 octobre 2018, la session
inaugurale de l’année pastorale 2018-2019, une session dite ‘‘technique’’, axée
sur la « Gestion administrative et
financière d’un diocèse/paroisse ».
La session pastorale a décollé dans la matinée du
mercredi 10 octobre 2018 par le mot introductif de son Excellence Monseigneur
Urbain NGASSONGO, ordinaire du lieu qui a, d’entrée de jeu, établi le panorama
de la pastorale diocésaine de Gamboma dans son ensemble, soulignant au passage
les axes prioritaires autour desquels doivent toujours graviter nos efforts pastoraux
quotidiens : la catéchèse, la liturgie, la Caritas (la pastorale de
l’éducation, de la santé, du développement, etc.). Monseigneur ne manque pas de
féliciter tous les ouvriers apostoliques (prêtres, diacres, religieux et
religieuses, catéchistes et responsables des communautés chrétiennes) qui
travaillent sans relâche pour l’enracinement de l’évangile dans nos aires
culturelles. Ce dernier termine son propos par cette belle exhortation de saint
Paul en 1 Co 8, 1b-3 qui invite à l’amour humble dans le Christ.
Après avoir déclaré ouverte la session pastorale
2018-2019, l’Evêque diocésain de Gamboma reprend la parole pour faire lecture
de la lettre du pape François sur les abus sexuels, abus de conscience et abus
de pouvoir (Du Vatican le 20 août 2018
in Osservatore Romano). Le pape
débute cette lettre en faisant sien les profondes paroles pauliniennes : « Si un membre souffre, tous les
membres souffrent avec lui ». Abordant la question des abus sexuels au
sein même de l’Église, le pape a courageusement relevé le défi d’assumer la
douleur de nos frères et sœurs victimes des abus de tout acabit. Il exprime sa
solidarité aux victimes, solidarité qui demande de lutter contre ce fléau.
L’appel de Paul de souffrir avec ceux qui souffrent constitue un remède pour ne
pas dupliquer la réponse indifférente de Caïn : « Suis-je le gardien de mon frère ? ». La prière et
la pénitence nous aideront à booster notre engagement à combattre les abus
susmentionnés, à nous mettre face au Seigneur, face à nos frères et sœurs pour
implorer la grâce de la honte, à sensibiliser nos yeux et notre cœur à la
souffrance de l’autre. En ce sens, le pape nous invite au jeûne de manière à augmenter
en nous la faim et la soif de la justice en vue de s’engager dans la charité et la vérité. Le
pape demande pardon pour notre propre péché, le péché des dignitaires de l’Église :
« Lorsque nous faisons l’expérience
de la désolation que nous causent ces plaies ecclésiales, il est temps de se
donner plus de temps à la prière ! ». Aussi, le pape ne manque
pas de dénoncer avec virulence l’abus de pouvoir appelé communément ‘‘cléricalisme’’ :
« Dire non aux abus c’est aussi dire
non au cléricalisme ».
Vue des participants |
Prenant appui sur les mots du pape, Monseigneur a
su trouver des mots justes pour exhorter son peuple dans le contexte qui est le
nôtre, à une prise de conscience. Il a dénoncé, avec exemples à l’appui, la simonie
et les trafics d’influence dans nos communautés. Les abus du pouvoir sont omniprésents
dans nos paroisses, que ce soit du côté des clercs que des laïcs. Dans les
communautés chrétiennes de base, le phénomène est encore beaucoup accru :
certains responsables, sous prétexte d’avoir rencontré le premier missionnaire
ou d’avoir été le premier baptisé, auront le sentiment d’être tout-puissants et
irremplaçables. Cette observation se rend plus palpable dans les communautés
qui sont restées longtemps sans présence cléricale.
Parlant du rapport avec les congrégations
présentes dans le diocèse, Monseigneur ne manque pas de souligner le sens de la
collaboration et de communion. Le diocèse, en effet, respecte le charisme des congrégations,
qui, de leur côté doivent se mettre au service de la pastorale du diocèse. Le
curé doit être au courant des initiatives pastorales des congrégations bien
qu’il ne lui est pas permis de se mêler de leur vie spirituelle.
Ière CONFERENCE :
« ANIMATION ET ADMINISTRATION DE LA PAROISSE DANS UN DIOCESE RURAL »
PAR L’ABBE FRANÇOIS-XAVIER TSHINGOMA
Dans l’après-midi de ce mercredi 10
octobre 2018, nous avons eu la joie d’assister à la première conférence de la
session animée par l’abbé François-Xavier TSHINGOMA autour du thème : « Animation et administration de la
paroisse dans un diocèse rural ».
Le vicaire judiciaire du diocèse de Gamboma a
d’abord déblayé le terrain en élucidant les concepts clés. Entrant dans le vif
du sujet, ce dernier a présenté les préalables pour l’administration de la
paroisse que sont : la connaissance des documents juridiques
(fiche parcellaire, fiche de bornage, cartographie de la paroisse, etc.), la connaissance
des biens meubles et immeubles, la connaissance de la population, des
ressources d’autofinancement de la paroisse rurale (agriculture, élevage,
etc.). Le conférencier rappelle que le presbytère est le lieu de résidence de
l’équipe sacerdotale, des stagiaires ; toute autre présence continue étant
inappropriée.
En ce qui concerne l’organisation de
la paroisse, le conférencier a d’abord rappelé les trois conseils à instituer,
entre autres : le conseil pour les affaires économiques, le conseil
pastoral paroissial et le conseil pastoral des jeunes. En ce sens, l’abbé
François insiste sur l’esprit de communion et de collaboration que doive régner
au sein de cette équipe. Ces conseils doivent apporter leur aide au curé dans l’administration
de la paroisse à lui confiée comme pasteur propre.
Aussi, le
conférencier rappelle les dispositions canoniques concernant les archives paroissiales
qui doivent être tenues avec beaucoup de soin ! Il rappelle également aux
curés certains devoirs liés à leur office : En tant que pasteur d’âmes, le
curé doit visiter les fidèles ; il doit veiller à maintenir le caractère
apolitique de la paroisse à travers notamment les annonces, l’utilisation de
l’espace paroissial et la discrétion dans les différents échanges avec ses
visiteurs, amis et connaissances, etc. ; il doit envisager, en tenant
compte des circonstances, la construction d’infrastructures paroissiales.
Pour
clore les assises de ce premier jour de la session, un temps d'échange et de
partage entre laïcs a été organisé dans la soirée, sous la modération de l'abbé
Dutrone NGOUNYO (chancelier) autour du thème: "Prise en charge matérielle de l'Eglise par ses propres fidèles".
Parlant justement des fondements ecclésiologiques et théologiques de la
possession matérielle de l'Eglise, le modérateur a clairement souligné qu'on ne
peut parler mission et faire fi des questions liées aux biens matériels, plus précisément
à l’argent. Déjà, dans la communauté des douze, Juda avait pour fonction de
gérer la bourse commune. Ainsi, l’Eglise, communauté visible et spirituelle,
est appelée à gérer raisonnablement les réalités matérielles.
L’Eglise
a le droit de posséder un patrimoine pour son fonctionnement parce qu’elle est
humaine et divine. Elle poursuit des fins spirituelles principalement.
Néanmoins, elle demeure insérée dans le monde et a par conséquent besoin des
moyens matériels pour mener à bien sa mission (cf. Gaudium et Spes, n°76). Ne
dit-on pas que l’Evangile est gratuit mais l’évangélisation, couteuse ?
S'appuyant
sur les canons 1254, 1260, 1261, 1262, 222, du code de droit canonique, le
modérateur a pris le soin de souligner que l'Eglise, le diocèse, la paroisse
vit essentiellement de la contribution de ses propres fidèles qui "sont tenus par l’obligation de
subvenir aux besoins de l’Église afin qu’elle dispose de ce qui est nécessaire
au culte divin, aux œuvres d’apostolat et de charité et à l’honnête subsistance
de ses ministres'' canon 222.
IIème CONFERENCE
Cette
deuxième conférence a donné le top à la série des conférences de cette journée
du jeudi 11 octobre 2018, conférences dites ‘‘techniques’’ ou ‘‘pratiques’’,
animées par nos deux éminents experts en comptabilité-finances, et en ingénierie
agro-pastorale.
PREMIERE PHASE :
« ELABORATION D’UN BUDGET PREVISIONNEL ET COMPTABILITE JOURNALIERE »
PAR MONSIEUR VALDAIN KIMBEMBE
« La
question des finances est omniprésente dans nos paroisses » a souligné monsieur Valdain KIMBEMBE, chef d’agence
de la CAPPED-GAMBOMA. Le budget prévisionnel d’une paroisse, a-t-il définit, est
la prévision de toutes les dépenses et recettes liées à la paroisse. C’est une
carte de visite de la gestion financière d’une paroisse. Il faut l’élaborer le
plus tôt pour se rendre compte de la santé financière de la paroisse.
L’élaboration d’un budget se fait en quatre étapes : - établir la liste
des dépenses et recettes, - estimer les montants prévisionnels correspondants
(chiffrer les dépenses et recettes), - classifier les dépenses (investissement,
charges d’exploitation) et recettes (recette d’exploitation, autres produits),
- équilibrer les dépenses. La programmation budgétaire peut se faire
mensuellement, trimestriellement ou semestriellement. Elle permet de répartir
le budget dans une période donnée. Le budget prévisionnel est un outil de
pilotage de la gestion financière d’une paroisse. Il doit être élaboré dans les
délais raisonnables, au début de l’année pastorale.
Le conférencier a disposé de son temps pour
monnayer ces enseignements de façon aussi bien théorique que pratique en élaborant
au ‘‘brouillon’’ le budget prévisionnel de la paroisse Notre Dame du Rosaire d’ONGOGNI pour cette
année pastorale 2018-2019. Tous les participants, stylo en mains, ont travaillé
l’exercice qui a abouti à un résultat optimiste (excédent budgétaire). A chacun
de copier le modèle !
DEUXIEME PHASE :
« COMPTABILITE D’UNE STRUCTURE » PAR MONSIEUR VALDAIN KIMBEMBE
Le conférencier a entre autre évoqué
les termes purement techniques comme le livre journal qui constitue la mémoire
chronologique de la structure, le grand livre qui est une mémoire par nature
des opérations de la structure, la balance, etc. Au demeurant, la comptabilité
est une discipline pratique, régulièrement actualisée et influencée par
l’internationalisation. Sa maîtrise reste indispensable pour produire une
information financière de qualité.
IIIème
CONFERENCE : « ELABORATION DES MICRO-PROJETS » PAR MONSIEUR
BRICE BAKETIBA
De façon classique, le projet se définit en termes
de ce que l’on a envie de faire. C’est « l’idée transcrit sur papier ».
L’objectif du thème, a indiqué le conférencier, consiste à associer étroitement
les communautés au processus d’identification, de formulation, de mise en œuvre
et de suivi des micros-projets communautaires.
Pour écrire un projet, il faut préciser : -
le titre du projet, - le nom du demandeur, - le contexte et justification (pourquoi
se lance-t-on dans le projet, les motivations, le problème que l’on cherche à
résoudre. C’est la partie essentielle), - les objectifs (ce n’est pas un but
qu’on veut atteindre mais le moyen qui nous permet d’atteindre un but), - la description
des activités et le chronogramme. Pour des projets de lancement d’une activité
génératrice de revenu (AGR), il est important de déterminer le compte
d’exploitation prévisionnel pour démontrer la rentabilité du projet ; ce
qui encourage le donateur. Le suivi et l’évaluation sont une étape importante
dans la réalisation des micro-projets. On doit éviter de présenter des projets
qui ont un impact négatif sur l’environnement. Enfin, l’implication de la
communauté (contribution locale) ne doit pas être omise.
EXCURSUS : « LA VISION
DE LA CARITAS DIOCESAINE DE GAMBOMA » ABBE ZEUS JULES OKANZA
L’abbé Zeus Jules OKANZA, secrétaire général de la
Caritas diocésaine de Gamboma, a répondu favorablement à la demande de son excellence
Monseigneur Urbain NGASSONGO pour nous présenter la vision de la Caritas
diocésaine de Gamboma qui doit être un service de la charité de l’Eglise
famille de Dieu à Gamboma.
Avant d’entrer dans le vif du sujet,
l’abbé Zeus OKANZA a eu l’humble devoir d’inviter son prédécesseur l’abbé
Marius NDZANGUE qui a daigné nous présenter de façon succincte, nette et
claire, l’identité et la mission de la Caritas. De prime abord, ce dernier a
saisi l’aubaine pour exprimer toute sa gratitude à l’endroit de tous ceux et
toutes celles qui ont travaillé et qui continuent de disposer de leur temps, de
leur efforts pour tenir toujours haut le flambeau de la Caritas.
Parlant justement de ce que c’est
que la Caritas, le pape Jean-Paul II donne cette belle définition : « la Caritas est un instrument de l’évêque
diocésain pour le service de la charité ». L’évêque, en effet, a la
charge de toucher du doigt la pauvreté du peuple de Dieu à travers l’organe qu’est
la Caritas. Le pape Benoit XVI dans son encyclique Deus Caritas est, souligne que la Caritas tire son identité du Dieu
d’amour révélé en Jésus-Christ dont l’Église est le sacrement et la
continuation. Elle s’inscrit dans la perspective de l’enseignement social de l’Église.
Le peuple de Dieu est appelé à se mettre au service de tout homme et tout l’homme
sans distinction de couleur (cf. parabole du bon samaritain). En ce sens, l’Église
en tant que famille de Dieu doit être un lieu d’entraide mutuelle et de
disponibilité pour servir les personnes qui, en dehors d’elle, ont besoin d’aide.
Institutionnellement, Caritas est un organe essentiel de l’Église. Une église
locale sans charité ne peut exister.
Ce qu’est de la mission de la Caritas,
nous en retenons quatre ; et celles-ci tiennent leur fondement des
Ecritures Saintes : - Annoncer la bonne nouvelle par le témoignage et la
prise de position envers ceux qui sont traités injustement (Lc 4, 15-30), - Dénoncer
les lois et structures injustes en mettant en évidence les incohérences (Mc 2, 23-28),
- prendre la cause des plus faibles en contestant les lois injustes (Mc 1, 6),
- vivre les béatitudes (Mt 5, 1-12). En grosso modo, promouvoir l’équité, la
justice et la dignité humaine, libérer les pauvres de leur état de vulnérabilité
et assurer le bien-être de tous, telles sont les missions de la Caritas.
Reprenant la parole, l’abbé Zeus réaffirme
que la Caritas est la manière la plus simple d’exprimer sa foi dans les actes. En
effet, la Caritas intervient tant dans l’action humanitaire que dans le développement.
La vision globale de la Caritas consiste aujourd’hui à mener les personnes vulnérables
vers une auto-prise en charge : ‘‘les
aider à pécher pour ne pas continuellement leur donner du poisson’’
(autonomisation). L’autre vision de la Caritas aujourd’hui, c’est la professionnalisation.
La Caritas n’est plus un organe isolé ; elle travaille en réseau. Reconnu
comme association, elle a des statuts, règlements, accords cadre avec l’Etat,
conventions avec les ministères, partenariat avec les ONG, etc.
Au demeurant, la Caritas doit être au service des plus
pauvres. Une finance qui n’est plus au service de l’homme est à revoir : l’argent
est fait pour l’homme et non l’homme pour l’argent ! On doit aider le
pauvre pour qu’il quitte son état, l’aider à grandir afin qu’il s’auto-prenne
en charge.
La session pastorale 2018-2019 a
connu la participation de quarante participants constitués de prêtres, diacres,
religieuses et fidèles laïcs ; tous émerveillés et satisfaits de la
richesse abyssale des enseignements reçus dans une attitude de prière, de
méditation, de contemplation, d’écoute et de partage. Le grand festin de clôture
de la session n’a pu que raviver les liens d’amitié, de collaboration et de
fraternité autour du thème de l’année pastorale 2018-2019 : « Demeurer dans le Christ pour
promouvoir les valeurs authentiques et crédibles (Jean 14, 6 ; 4, 16) ».
Abbé
Dutrone NGOUNYO, rapporteur.