Aux prêtres, religieux et religieuses, à
tout le peuple de Dieu du diocèse de Gamboma, «Paix, miséricorde et joie dans
le christ!»
Chers frères et sœurs, disciples du
Christ,
1. Nous commençons, en ce mercredi des cendres et selon la longue
tradition de l’Eglise, le temps précieux du Carême. C’est pour notre diocèse un
premier carême depuis son
érection le 22 février 2013, par le bien aimé Pape émérite Benoit XVI. C’est
un don du ciel que nous avons à rendre
continuellement grâce au Seigneur (Ps 110, 1), car le diocèse est né dans un contexte
ecclésial bien précis. C’était au cours de l’année de la Foi, moment où
l’Eglise universelle, par volonté du Saint Père, relançait le défis de la
nouvelle évangélisation. Nous avons reçu ce cadeau du ciel pendant aussi un
temps non pas facile pour l’Eglise avec le renoncement du pape Benoît XVI au ministère pétrinien, comblé
heureusement avec la venue ou l’élection du Pape François.
2.
Dans
ce contexte, l’appel de l’Eglise à une nouvelle évangélisation ne nous épargne
point, au contraire, il nous concerne et nous interpelle vivement à relancer la
mission évangélisatrice dans notre diocèse. Il s’agit ici d’évangéliser en
premier lieu notre tissu culturel. Notre diocèse est jeune, à peine né, mais
avec les défis innombrables. Parmi ceux-ci, le plus important est et demeure
celui de l’évangélisation non seulement des lieux ou villages mais de toutes
les réalités socio culturelles, politico-religieuses de notre circonscription
ecclésiastique afin que le Christ en devienne le centre.
3.
Dans
ce sens et selon le tableau socio culturel, notre diocèse est le lieu, comme
partout au Congo, où cohabitent de nombreux mouvements religieux d’origine
diverse dénommés couramment comme «secte». On trouve, dans la plupart des
villes ou villages, la présence considérable de nombreuses sectes, les
différents mouvements religieux de matrice protestante ou pentecôtistes et les églises dites de «réveil».
Il faut ajouter à cela l’influence encore dominante de la religion
traditionnelle africaine dans toutes les ethnies et villages. C’est justement
dans ce contexte historico-culturel et religieux que le diocèse de Gamboma vit
son premier carême, non seulement avec la création de ce diocèse mais aussi avec la
présence de son évêque résidant depuis son ordination le 21 avril 2013.
4. Quels sont les objectifs visés pour
ce carême et dans
notre diocèse?
Pour bien nous préparer à la fête de la Résurrection, pour aider
chacun et chacune à prendre conscience de son être chrétien et responsable de ses
engagements du baptême, nous avons pensé à deux objectifs parmi tant d’autres: D’abord celui
de la recherche du royaume de Dieu, ensuite celui du désir
continuel de la sainteté dans toutes ses formes. Car, d’après le
Concile Vatican II, nous sommes tous appelés à la sainteté considérée
comme «vocation universelle des chrétiens» (voir, la constitution dogmatique
sur l’Eglise Lumen Gentium, n. 26).
Le pape François, dans le message du Carême de cette année, nous rappelle le but
premier de ce temps comme «chemin
personnel et communautaire de conversion». Il s’inspire de la seconde Epitre de
saint Paul aux corinthiens, passage qu’il appelle la «générosité de notre
Seigneur Jésus-Christ : de riche qu’il était, il est devenu
pauvre pour que nous devenions riches par sa pauvreté» (2 Cor 8, 9). Le
Pape nous rappelle ainsi l’essentiel de ce temps du Carême, qui doit nous conduire à la
conversion: «Convertissez-vous et croyez à l’Evangile» (Mc 1, 15).
5.
Chers
Frères et sœurs, depuis toujours, le carême est retenu comme un temps de prière, de pénitence et de partage, d’après ce que nous lisons dans l’évangile du mercredi des cendres (Mt
6, 1, 1-17). Ainsi, notre itinéraire vers la Pâques de la Résurrection du Christ
doit être soutenu et
guidé par ces trois mots importants, pour notre sanctification et pour une
recherche continuelle du royaume de Dieu: «chercher d’abord le royaume des
cieux, le reste vous sera donné» dit Jésus ((Mt. 6, 33). Nous sommes ainsi
appelés et même interpellés
à privilégier le rapport avec Dieu par la prière, à rechercher sa volonté et à
grandir dans la relation avec lui. Le rapport avec Dieu nous rend fort et
devient le gage de notre salut.
6.
Pour
nous prêtres,
religieux et religieuses, la relation avec le Seigneur est notre première
mission et doit précéder toutes les autres choses. Un bon prêtre, une bonne religieuse ou bon
religieux se reconnait dans sa façon de mettre le Seigneur au dessus de tout et
par-dessus tout. Je ne voudrais pas vous
rappeler, ici, comme évêque, que la prière doit alimenter toute notre vie et orienter toutes nos
activités. Voila pourquoi il nous faut privilégier la prière, non pas seulement
comme moyen de rechercher le royaume de Dieu, mais aussi comme instrument de
base pour notre propre sanctification et pour la sanctification de notre
peuple. A nous donc, d’aider le peuple qui nous est confié, par la prière mais
en leur donnant un exemple par notre témoignage: «Soyez les modèles du troupeau
qui vous est confié» (1P. 5, 2). A travers la prière, l’on se met à l’écoute de
la parole de Dieu afin qu’elle demeure en nous et porte des fruits. Dans cet
esprit de prière et de recueillement, nous pouvons poser des actes créateurs et
rédempteurs pour l’édification de notre église locale.
7.
Cet
itinéraire spirituel n’est pas un acte isolé mais une démarche personnelle et
communautaire afin de se dépouiller de
l’orgueil, du mensonge, de l’idolâtrie, du fétichisme ou de la mentalité fétichiste. Cet
esprit christique nous aidera à être libres par rapport à l’argent, aux plaisirs
éphémères, au pouvoir ou à la tentation de vouloir toujours dominer les autres.
Il y a parfois en nous, il faut le dire, la tentation d’absolutiser les
expériences personnelles, ce qui peut provoquer en nous, la cécité et la sourdité
spirituelle.
8.
La
pénitence ou le jeûne est le deuxième point clé pour bien vivre son Carême. En effet, le jeune est un
exercice spirituel qui consiste à donner priorité à Dieu dans notre vie. A
travers le jeune nous découvrons l’essentiel de notre existence par le
dépouillement en mettant toute notre confiance dans le Seigneur: «Suivre Jésus
veut dire le mettre à la première place, se dépouiller de beaucoup de choses
qui étouffent notre cœur», dit le Pape François. Le jeûne a son vrai sens dans le partage,
car on se prive pour donner aux autres, on ne jeûne pas pour jeûner mais pour apprendre à partager
(Mt 25, 31-46). Dans ce sens, cette privation a pour fondement l’amour
(voir Catéchisme de l’Eglise catholique
n. 1438).
9.
Un
autre moyen de vivre efficacement le carême est celui du partage ou de l’aumône. Ce Carême doit nous aider à approfondir le
sens du partage, car «il y a plus de joie à donner qu’à recevoir» (Act. 20, 35).
Le partage est l’expression ultime de notre charité, c’est l’amour qui se donne
et se témoigne dans le concret à travers des gestes visibles. La charité ne
signifie pas le fait de donner du superflu mais une véritable donation, un vrai
geste d’amour à l’image de Jésus qui par amour à donner sa vie pour les autres
(Jn. 15, 13). La charité apparait ainsi comme une valeur suprême de notre être chrétien. «Dieu est amour» (1 Jn.
4,16) et il nous invite à demeurer dans son amour (Jn. 15, 9-10), à le partager
et à le témoigner (Benoît XVI, Deus caritas est).
10.
Voilà
chers frères et sœurs, ce que je tenais à vous soumettre comme méditation à
l’entrée de ce temps précieux qu’est le Carême. Nous voulons que ce temps soit fructueux et
favorable pour tous et que chacun profite de ce temps pour sa conversion et
pour sa sanctification. Il ya aura, certes, les temps d’épreuve ou des
tentations mais avec la force qui nous vient d’en haut et avec l’aide de
Jésus à travers une vie sacramentaire
authentique et crédible nous saurons comment marcher dans la fidélité pour
arriver à Pâques avec un cœur nouveau et un esprit nouveau. C’est avec le cœur
christique et ecclésial que nous nous engageons au renouveau spirituel et
humain de nos familles.
11. Que la Vierge Marie, Etoile de la
nouvelle évangélisation, intercède pour chacun de nous, afin que nous puissions
toujours privilégier le rapport avec Dieu et tendre vers la sanctification,
comme finalité de notre être chrétien par la prière, le jeune et le partage.
Bon Carême à tous!
Gamboma, le 22 février 2014, en la fête de la Chaire de Saint Pierre Apôtre.
Mgr Urbain NGASSONGO