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samedi 17 février 2018

Message de son Excellence Monseigneur Urbain NGASSONGO pour le carême 2018


MESSAGE DE SON EXCELLENCE
MONSEIGNEUR URBAIN NGASSONGO
POUR LE CARÊME 2018

A

La communauté chrétienne du diocèse de Gamboma,
Aux hommes et femmes de bonne volonté.



DIEU NOUS APPELLE A UN DIALOGUE
CREATEUR ET REDEMPTEUR


Mes frères et sœurs disciples du Christ,

Miséricorde, amour, justice et paix dans le Christ !


Le carême est un véritable itinéraire de conversion qui conduit vers la rencontre joyeuse du Christ mort et ressuscité. Ces quarante jours de pèlerinage vers Pâques constituent un moment privilégié où chacun est invité à vivre intensément sa relation d’amour avec Dieu et son prochain, dans l’intimité de la prière, le jeûne et le partage : trois piliers pour une vie chrétienne authentique.
La prière est le canal idéal pour garder toujours vive la flamme d’amour, rendre constante et intime l’amitié qui nous lie à notre Créateur et Rédempteur. En jeûnant, nous affirmons notre dépendance à Dieu dans l’usage des choses qu’il a faites et qu’il a mises à notre disposition. Et à travers l’aumône, nous témoignons notre disponibilité à partager avec les autres aussi bien notre avoir que notre être.
La providence divine nous fait grâce de commémorer, en cette période de carême, le tout premier quinquennat de notre diocèse de Gamboma, érigé le 22 février 2013 par sa Sainteté le pape Benoit XVI, suite au démembrement du diocèse d’Owando. Tout en rendant grâce à Dieu pour ces cinq années de cheminement, il sied de s’arrêter un instant pour faire une évaluation rétrospective, pour s’interroger sur l’impact de la semence de la Bonne Nouvelle dans nos milieux existentiels, dans la perspective de la mission fondamentale à nous confiée : l’évangélisation en profondeur de notre tissu culturel, qui doive s’articuler autour de trois (3) axes majeurs à savoir : la catéchèse, la liturgie et la Caritas ainsi que cinq (5) secteurs pastoraux prioritaires, entre autres : la famille, l’éducation, la santé, le développement agricole et la redynamisation des communautés chrétiennes de bases (CCB).
Chrétien de Gamboma, qui est réellement Jésus-Christ pour toi ? Est-il celui en qui tu as mis ta foi, ton espérance et ton amour ? Est-il vraiment devenu le Seigneur de tes pensées, tes sentiments, ton agir au quotidien ? Oui, nous devons travailler jour après jour de manière à extirper de notre cœur, les tendances mauvaises qui peuvent éteindre la flamme de la charité, refroidir le zèle pour la vérité, la justice, la paix et la réconciliation, tel que le pape François nous le fait prévenir dans son Message de carême 2018 : « A cause de l’ampleur du mal, la charité de la plupart des hommes se refroidira (Mt 24, 12)».
Pour mieux vivre ce temps de grâce, temps favorable de conversion, je voudrais partager avec vous quelques pistes de méditation sur le ‘‘dialogue’’ qui demeure un défi permanent pour la cohésion de notre vie sociétale, familiale, professionnelle, ecclésiale et religieuse.

L’initiative du dialogue vient de Dieu
« L’origine transcendante du dialogue se trouve dans l’intention même de Dieu (…). L’histoire du salut raconte précisément ce dialogue long et divers qui part de Dieu et noue avec l’homme une conversation variée et étonnante ».[1]
La révélation consiste dans l’initiative de Dieu qui vient personnellement à la rencontre de l’homme pour ouvrir avec lui un dialogue salvifique : « Il a plu à Dieu, dans sa bonté et sa sagesse, de se révéler lui-même et de faire connaitre le mystère de sa volonté, par lequel les hommes ont accès auprès du Père par le Christ, Verbe fait chair, dans l’Esprit Saint, et sont rendus participants de la nature divine » (Ep 1, 9). Animé d’un amour miséricordieux, Dieu initie le dialogue avec l’humanité pour la sauver. Il prend à lui seule l’initiative de courir à la rencontre de l’homme égaré pour le couvrir de son amour et lui donner en plénitude le bonheur perdu. C’est justement à cette gratuité de l’amour miséricordieux que Moïse fait appel dans son intercession : « Souviens-toi de tes serviteurs, Abraham, Isaac et Israël, à qui tu as juré par toi-même » (Ex 32, 13).
Le Dieu-Créateur se révèle ainsi comme le Dieu-Rédempteur, Dieu fidèle à lui-même, fidèle à ses promesses, fidèle à son amour envers l’homme et envers le monde. En créant, il ne s’est pas tenu à distance, indifférent à l’égard de ce qu’il a créé et de l’être qu’il a créé. Il s’est révélé comme le Dieu du continuel ‘‘Avent’’, le Dieu qui vient toujours à la rencontre de sa créature, malgré ses égarements, pour lui tendre sa main. Dans sa grande miséricorde, il s’est fait rencontre avec l’homme en opérant une fois pour toutes la réconciliation de l’humanité par son Fils Unique Jésus-Christ, qui a assumé la condition humaine, lui qui n’a jamais connu le péché, pour sauver le genre humain (2 Co 5, 19).

Jésus-Christ : Homme de la rencontre et du dialogue
Dans les évangiles, Jésus apparait comme l’homme par excellence de la rencontre et du ‘‘dialogue rédempteur’’, où chaque interlocuteur se trouve valorisé, aimé, apprécié à sa juste valeur, transfiguré, prêt à renaitre, à entrer dans une vie nouvelle.
La plupart des gens que Jésus rencontre sur son chemin, ce sont des pécheurs, des malheureux, des excommuniés de la société, des indigents, des déchus, etc., et il suffit d’un sourire, d’un regard, d’une parole aimante pour restaurer en eux la vie, la confiance et l’estime de soi. C’est le cas pour cette jeune femme, surprise en flagrant délit d’adultère (Jean 8, 1-11). Cette femme enfreint ainsi l’un des commandements de la Torah (Nb 15, 30) et se trouve par conséquent, passible de lapidation. A Jésus de répondre si oui ou non, il fallait exécuter la sentence, étant donné l’évidence de la faute. Mais, Jésus se tait pour renvoyer chacun au plus intime de sa conscience : qui peut se permettre de juger ? En réalité, lui Jésus, qui seul est sans péché, était en droit de jeter la première pierre. Pourtant, il ne le fait pas ; au contraire, il dit à la femme désemparée :  « Va, et désormais ne pèche plus ». Quel merveilleux tableau de grâce et de miséricorde !
Dans les récits de rencontre de Jésus avec la samaritaine (Jean 4, 1-42), tout comme avec Zachée le publicain (Luc 19, 1-10), nous ne pouvons qu’admirer l’énergie de l’amitié et de la confiance que Jésus communique par son regard bienveillant. Le regard de Jésus, c’est un regard qui ne juge pas, n’enfonce pas dans le désespoir, ne culpabilise pas, ne  se nourrit pas de mépris, mais relève et fait exister. Ce regard va susciter en Zachée, la vie ; en la femme de Samarie, la soif de conversion. Ainsi, dans chacune de nos rencontres, Jésus nous apprend à ne jamais condamner, mais à regarder notre prochain avec un cœur miséricordieux et compatissant, plein d’estime et de bonté.

L’Eglise : une communauté dialogale
Le dialogue avec le Christ nous inspire un souffle nouveau pour entrer en dialogue avec nos frères et sœurs dans la miséricorde, la justice et la paix. Ce dialogue interne dans l’Eglise est condition sine qua non du dialogue externe, du dialogue de l’Eglise avec l’humanité : « En vertu de la mission qui est la sienne, d’éclairer l’univers entier par le message évangélique, et de réunir en un seul Esprit tous les hommes, à quelque nation, race ou culture qu’ils appartiennent, l’Eglise apparait comme le signe de cette fraternité qui rend possible un dialogue loyal et le renforce. Cela exige en premier lieu, qu’au sein même de l’Eglise, nous fassions progresser l’estime, le respect et la concorde mutuels (…) en vue d’établir un dialogue sans cesse fécond entre tous ceux qui constituent l’unique peuple de Dieu ».[2]
Aujourd’hui, la culture du dialogue est d’une importance beaucoup plus grande. Loin d’être un palliatif spirituel, le dialogue est une grâce qui sauve de l’engrenage de la haine. Du haut de la croix, le Christ a dialogué avec son Père, et avec l’humanité toute entière. Ce dialogue rédempteur a brisé les murs de la division, du mépris, de la rancœur, et fait germer dans nos cœurs l’amour, le pardon et la réconciliation.
En dépit des échecs que nous pouvons sans cesse rencontrer, le dialogue reste et demeure la voie créatrice et rédemptrice, le chemin qui mène vers la réconciliation véritable. Nombreuses de nos communautés ecclésiales et familles sont devenues de foyers permanents de tensions et querelles, de guerres et de violences, faute de dialogue et d’écoute. Le dialogue permet d’apaiser les conflits pour rétablir la paix, l’harmonie, l’entente, l’amitié. Il est une arme puissante pour abattre les murs des incompréhensions, pour créer des ponts de communications, pour dépasser la solitude, le repli sur soi, l’égocentrisme et l’autoritarisme. C’est justement « à travers le dialogue et l’écoute, affirme le pape François, qu’un monde meilleur, comme lieu d’accueil et de respect, luttant contre les divisions et les conflits, est possible ».

La communion entre les croyants et le dialogue œcuménique : ‘‘Qu’ils soient un…’’ (Jean 17, 21)
La naissance sans cesse croissante des nouvelles religiosités aux croyances multiformes, aussi bien dans les grandes agglomérations que dans les villages les plus éloignés, lance à nouveau ce défi au dialogue que je considère comme la voie salutaire pour la consolidation de la paix et l’unité dans nos différents milieux existentiels. Nous sommes appelés à nouer avec nos frères et sœurs croyants d’autres confessions religieuses des rapports de fraternité et de communion dans une recherche commune de la vérité dans la justice, la paix et la réconciliation ; en adoptant une saine attitude d’écoute, d’estime, de tolérance et de respect, surtout à l’égard de nos frères et sœurs de la religion traditionnelle africaine (RTA).
Ce dialogue de salut doit être suscité par un amour fervent et désintéressé. Il doit être sans limites et sans calcul, toujours dans le respect de l’autre dans sa différence. Car, il ne peut y avoir rencontre, coexistence, dialogue, amitié, que sur la base d’une différence reconnue et acceptée. Aimer l’autre dans sa différence ne peut qu’être la seule possibilité d’aimer. Il sied de « Reconnaitre l’autre comme un autre, aimer l’autre tel qu’il est, et non pas comme un être à conquérir, consentir à ce qu’il soit différent, en face de moi, sans essayer d’empiéter sur la vérité de sa conscience et de sa recherche, sans faire jouer mes motifs de réserve avant ma conscience ».[3]  
C’est pourquoi, il est grand temps de promouvoir et d’encourager les diverses initiatives en faveur du dialogue avec les fidèles des communautés ecclésiales sœurs unies dans la foi en Dieu Un et Trine, et en l’Unique Sauveur Jésus-Christ ; entre autres communautés, les protestants, les salutistes et les orthodoxes avec qui nous professons, au-delà des différences doctrinales,  « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu qui est Père de tous et qui est en tous » (Ep 4, 5).
Le Magistère, par la voix des Souverains pontifes, n’a cessé d’interpeller les églises particulières qui doivent considérer l’œcuménisme comme une véritable préoccupation pastorale et un défi pour les chrétiens appelés à vivre unis. Le pape Benoit XVI affirmait à raison : « Un christianisme divisé demeure un scandale puisqu’il contredit de facto la volonté du Divin Maître (cf. Jn 17, 21). Le dialogue œcuménique vise donc à orienter notre marche commune vers l’unité des chrétiens, en étant assidus à l’écoute de la Parole de Dieu, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières (cf. Ac 2, 42) ».[4] Nous sommes ainsi appelés à consacrer toutes nos énergies pour se laisser façonner par cette prière de Jésus en la veille de sa passion : « …Qu’ils soient un… » (Jn 17, 21).
Le Conseil œcuménique des églises chrétiennes du Congo (COECC) travaille sans relâche de manière à ce que ce dialogue ne s’arrête pas aux mots, mais se rende manifeste sur les chemins de vie à travers des initiatives communes (les rencontres de prières, de partages et d’échanges), sur divers secteurs : éducation, santé, sport, culture, politique. Assurons-en le relai dans nos paroisses, nos quartiers et nos familles, tout en sachant qu’il n’y a pas véritablement dialogue sans conversion intérieure. Car, « C’est du renouveau de l’esprit, du renoncement à soi-même et d’une libre effusion de charité que naissent et mûrissent les désirs de l’unité».[5]
En ce temps fort de carême où l’Eglise nous convie à la pénitence intérieure en priant, jeûnant et partageant, j’implore donc pour chacun de vous la grâce de l’humilité dans le service, la douceur, l’ouverture à l’autre, la générosité à l’égard de tous afin de repousser l’orgueil, la violence, le repli identitaire et l’égoïsme qui nous rend distants les uns des autres. Tout au long de ce cheminement dans le désert, demandons à la Sainte Vierge Marie, notre Dame de la Divine Miséricorde, de nous accompagner dans cet effort du dialogue créateur et rédempteur.
Fructueux temps de carême et d’ascension vers Pâques !



Gamboma, le 14 février 2018
 

Mgr Urbain NGASSONGO
   Evêque de Gamboma







[1] Pape Paul VI, Encyclique Ecclesiam Suam, n°72

[2] Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et Spes, N°92
[3] Yves CONGAR, chrétiens en dialogue, Cerf, Paris, 1964, page 2
[4] Pape Benoît XVI, Exhortation Apostolique Post-synodale Africae Munus, n°89.

[5] Vatican II, Décret sur l’œcuménisme Unitatis Redintegratio, N°7

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