MEDITATION : Les Beatitudes, un bonheur paradoxal (Mt 5, 1-12)...

                                                                       Chers frères et sœurs,

        

sermon sur la montagne

Le Christ semble nous promettre un bonheur irréalisable, utopique, absurde ou simplement paradoxal. Il semble donner comme modèle de béatitude (bonheur parfait), les catégories sociales qui sont plutôt à plaindre et qui suscitent plutôt les sentiments de pitié : comment peut-on, en effet, bondir de joie et d’allégresse lorsqu’on est pauvre ? Comment peut-on avoir un visage gai lorsqu’on a le sentiment d’endosser toute la souffrance du monde ? Le Christ n’aurait-il pas mieux fallu dire : heureux, vous qui êtes riches, parce que vous vivez dans l’aisance matérielle, disposez immensément d’argent, de belles villas et roulez dans de voitures climatisées ; heureux, vous qui menez une vie couronnée de succès, de gloire et de puissance. Mais non ! 

         Le plan de bonheur de notre Seigneur se détache complètement des vues du monde : ce que l’on considère comme richesse ici-bas constitue en réalité la pire des pauvretés. C’est ainsi que Jésus proférera ces paroles fortes à l’endroit des soi-disant riches : « Malheureux êtes-vous, les riches ! Car vous avez votre consolation. Malheureux êtes-vous, qui êtes repus maintenant ! Car vous aurez faim. Malheureux, vous qui riez ! Car vous connaitrez le deuil et les larmes. Malheureux, lorsque tous les hommes diront du bien de vous ! » (Lc 6, 24-26). Oui, le Christ nous propose un bonheur vrai, et nous met en garde contre les fausses sécurités matérielles, les plaisirs éphémères et volatils d’ici-bas qui engendrent la désillusion et ne nous assurent aucune garantie : « Ne vous amassez point de trésors sur la terre, où la mite et le ver consument, où les voleurs percent et cambriolent. Mais amassez-vous des trésors dans le ciel. Car où est ton trésor, là sera aussi ton cœur » (Mt 6, 19-21). Oui, dans tout ce que nous faisons, gardons toujours en vue, les biens célestes. 

         Aussi, les béatitudes de l’évangile nous lance un défi bien plus ''cruel'' que la pauvreté : le martyre : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le royaume des cieux est à eux ! Heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi » (Mt 5, 10-11). En déclarant bienheureux ceux qui subissent la persécution et les insultes, le Christ nous exhorte à un témoignage de vie chrétienne authentique dans une société où les valeurs de paix, de justice et d’équité sont hypothéquées ; une société où la loi du plus fort reste la norme. En tant que chrétiens, nous sommes donc appelés à ne pas marchander la vérité évangélique en ramant à contre-courant. 

           D’où, l’invite à un véritable héroïsme chrétien qui va jusqu’à accepter les insultes, la persécution, les fausses accusations par amour pour Dieu qui nous promet une récompense éternelle. En tant que chrétiens, nous devons donc être assez forts pour pardonner à nos ennemies, prier pour eux, bénir ceux qui nous font du mal, etc., voilà autant d’actes de bravoure qui nous ouvrent les chemins du bonheur et de joie parfaite.

         Que le Seigneur nous y vienne en aide. Amen.

BONNE FÊTE DE LA TOUSSAINT!!!

                                                                                                                 Abbé Dutrone