Aperçu sur l’importance des
sacrements aujourd’hui.
Les sacrements sont les actions salvifiques du
Christ aujourd’hui.
Ils sont des canaux par excellence dont Dieu se sert pour
communiquer sa grâce aux hommes. Oui, la voie sacramentelle est le chemin
ouvert par Dieu pour que l’homme accède au mystère et à la vie divine. Ils sont
de ce fait, des rencontres personnelles avec le Christ ; et cette présence
du Christ est l’élément caractéristique de tous les sacrements. Si
l’Eglise affirme que tous les sacrements correspondent à Jésus Christ, c’est
parce que Jésus est constamment présent dans l’Eglise par l’intermédiaire du
Saint Esprit, pour actualiser et manifester l’œuvre du salut qu’il a accomplie
une fois pour toutes, couplée à l’idée que les sacrements trouvent leur
fondement dans l’action rédemptrice du Christ. C’est sous ce motif que nous pouvons
saisir et comprendre toute la prépondérance des sacrements. Nous nous
demandons : quelle est l’importance des sacrements aujourd’hui ?
Au premier abord, rappelons que le sacrement
est un signe sacré institué par le Christ pour donner la grâce. C’est pourquoi le Catéchisme de l’Eglise écrit : « Célébrés dignement dans la foi, les
sacrements confèrent la grâce qu’ils signifient. Ils sont efficaces parce qu’en
eux le Christ lui-même est à l’œuvre : c’est lui qui baptise, c’est lui
qui agit dans ses sacrements, afin de communiquer la grâce que le sacrement
signifie »[1].
Cette assertion nous situe dans l’entre deux du fondement et de l’importance
des sacrements. Les sacrements sont sources de grâce et de salut, moyens par
excellence de la rencontre avec Dieu. Pour
comprendre les sacrements, il faut partir de la personne du Christ. Il est
réellement présent et existant de toute éternité. Il est appelé par le Père à
communiquer aux hommes un message nouveau et joyeux, à leur procurer le salut
et la libération (Luc 4,16). C’est cela tout le sens de cette affirmation du
catéchisme.
En effet, les sacrements sont des signes
sacrés qui nous unies au Christ. Car, l’effet salvifique des sacrements repose
sur le Christ. C’est lui qui agit dans tous les sacrements ; son action ne
peut qu’être qu’efficace. C’est d’ailleurs dans cette perspective que Marsili
écrit : « …dans son
humanité concrète et visible, le Christ est le sacrement primordial et
essentiel du salut. Les sacrements de l’Eglise ne sont pas autre chose que des
images réelles du mystère ou du sacrement qu’est le Christ. (…), il est donc le
signe efficace. En effet, quiconque découvre en lui par la foi cette réalité
touche le salut en touchant son humanité, signe du salut (…) »[2]. Cette vérité met en
lumière l’idée selon laquelle les sacrements sont indispensables dans la marche
de tout fidèle du Christ pour la simple raison qu’ils nous permettent de s’unir
à lui, vivre de lui afin de participer à sa vie divine. Dans cette même
optique, saint Paul aussi dans sa lettre aux Ephésiens et aux Colossiens le
dira davantage en ces termes : « (…), Dieu a bien voulu faire connaitre ce mystère. Le Christ, lui-même est
donc en personne le mystère ou sacrement de Dieu, le mystère salvifique de Dieu
se fait Révélation manifeste » (Ep 3, 9).
Aujourd’hui, les sacrements sont importants,
d’abord pour la vie de foi des chrétiens, ils s’unissent à Jésus leur maitre et
participent déjà à sa vie divine par ces derniers. Cette vérité nous
instigue à ratifier que les sacrements sont des moyens efficaces et par
excellence où le chrétien ou le pèlerin fait l’expérience et rencontre Dieu. En
effet, depuis l’ascension, Jésus ressuscité est invisible. Nous pouvons
cependant le rencontrer par la médiation de l’Eglise. Celle-ci ne le remplace
pas, mais, par elle il marche sur nos chemins, comme autrefois avec les
disciples d’Emmaüs. Par les Ecritures, lues et interprétées en Eglise, le cœur
des croyants et croyantes devient brulant. Par les sacrements, notamment
l’Eucharistie, leurs yeux s’ouvrent sur l’invisible, sur une absence pleine de
présence, celle du ressuscité qui continue de rompre le pain et son corps. Dans
l’Eglise, Jésus ressuscité se rend donc présent et agissant de manière
privilégiée par les sacrements.
Bien plus, il n’y a pas de christianisme sans
la foi au Christ, le Fils de Dieu venu dans notre monde. Il n’y a pas non plus
d’Eglise sans la célébration des sacrements signes visibles de la grâce de
Dieu. Oui, il est certes vrai qu’on peut être sauvé sans l’Eglise et les
sacrements, car Dieu veut le salut de tous les « humains »
(1Tm2,4). Mais, on ne peut pas être chrétien ou configuré au Christ sans
l’Eglise et les sacrements ; c’est cela l’importance de ces derniers. Il
revient donc aux sacrements de faire des chrétiens de véritables sujets qui
sont tout à fait des témoins authentiques de la grâce de Dieu. Convaincu de
cette évidence Henri B. écrit : « le
sacrement communique efficacement la grâce au néophyte pour s’unir et vivre du
Christ »[3].
Les sacrements témoignent de l’œuvre de Jésus, centre et sommet de l’histoire
du salut. « Chacun à sa
manière, les sacrements dessinent l’identité chrétienne et contribuent à sa
réalisation concrète »[4]. Nous comprenons alors que
les sacrements assurent au dessein de Dieu une visibilité, et donne un visage
concret à l’Eglise. Sans eux, l’incarnation et peut-être la résurrection du
fils de l’homme pourraient se réduire à des croyances abstraites. Mais grâce à
eux, nous entrons dans le mystère de l’incarnation du Fils de Dieu qui nous
rejoint ici et maintenant. Le concile Vatican II affirme pour sa
part : « il est là présent
par sa vertu dans les sacrements, au point que lorsque quelqu’un baptise, c’est
le Christ lui-même qui baptise »[5]. Donc, cette action du
Christ devient une rencontre avec le croyant et la croyante.
En
sus, on peut aussi dire que les sacrements sont des invitations à oublier nos
limites, à nous confier en Dieu seul. « Nous pouvons ainsi être
libres de tout souci parce que vivant en lui »[6]. Force est donc de
comprendre que célébrer les sacrements, c’est célébrer Jésus ; les
recevoir de même, c’est recevoir le Christ puisqu’il est réellement présent
dans ces derniers. Les sacrements agissent donc « ex opere operanto » par le fait même que l’action est
accomplie, c’est-à-dire en vertu de l’œuvre salvifique de Jésus accomplie une
fois pour toute. Car, « le sacrement
n’est pas réalisé par la justice de l’homme qui l’administre ou qui le reçoit
mais par la puissance de Dieu qui en est l’initiateur. Il faut tout de même
signifier que la puissance et la grâce des sacrements sont infinies, mais
toutefois, elles dépendent aussi des dispositions de celui qui les reçoit »[7].
De sorte, nous pouvons retenir que les sacrements sont d’une prépondérance
particulière, parce qu’ils ouvrent à la grâce et accompagnent le cheminement de
foi.
Les sacrements ont-ils une importance,
un avenir de nos jours ? voilà des questions qui traversent bon nombre
d’agents pastoraux aujourd’hui. Le commun se demande aujourd’hui si les
sacrements n’ont pas quelque chose de sclérosé dans notre monde moderne. Au
revers de la médaille, on remarque que dans plusieurs milieux on découvre la
richesse des sacrements qui deviennent des moments forts de rassemblement et
d’approfondissement spirituels. Ce constat montre à suffisance que les
sacrements sont et demeurent des moyens privilégiés de rencontre de Dieu avec
l’homme ; « par le sacrement
Dieu vient à la rencontre de l’homme en Jésus »[8] pour lui prêter main forte
dans sa démarche chrétienne. Cet héritage constitué de symboles et de signes
fait découvrir aux chrétiens la proximité de Dieu à l’égard de sa création. Les sacrements n’ont de sens et de réalité que
dans une expérience de foi. Ils ne viennent que sanctionner une expérience de
foi et sont le fruit de la rencontre personnelle avec Dieu. Chacun des sept
sacrements fait participer le chrétien au mystère de pâques du Christ. Ainsi,
le sacrement n’est pas sans efficacité, car il communique le don du salut ou la
grâce de Dieu. En parlant de la
liturgie, donc des sacrements, le Concile Vatican II reconnait qu’elle est « la source et le sommet de toute vie
chrétienne »[9]
Oui, les sacrements marquent et transforment les manières de penser et de
vivre ; en les recevant, le chrétien est appelé à mener une
« existence sacramentelle », donc signifiante et réalisatrice des
dons reçus lors de leur célébration.
Guelor ONGOKA
Bibliographie
*Catéchisme de l’Eglise Catholique,
Paris, Pocket, 2001.
*Constitution dogmatique sur la Liturgie.
*Marsili
S., In Dictionnaire Encyclopédique de
Liturgie, II, 1974.
*Henri
Bourgeois, Les signes du salut, l’Eglise,
La vierge, Paris, Puf, 1995.
*Pierre
Journel, La célébration des sacrements,
Paris, 1983.
*André
Duval, Des Sacrements au Concile de 30,
Paris, Coll. Rites et Symboles, 1985.
*Nadeau
Marie Thérèse, Les sacrements, Approche
théologique pour aujourd’hui, Québec, Anne Sigier, 1991.
[1] Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°
1123.
[2] Marsili,
S. Sacrements,In dictionnaire
Encyclopédique de liturgie.
[3] Henri
Bourgeois, Les signes du salut, l’Eglise,
la Vierge, Paris, puf, 1995.
[4] Pierre
Journel, La célébration des sacrements,
Paris, 1983.
[5] Constitution dogmatique sur la Liturgie, n°7.
[6] André
Duval, Sacrements au Concile de 30, Paris, 1985.
[7]
Catéchisme de l’Eglise, n°1128.
[8] Nadeau,
Marie Thérèse, Les sacrements, Approches
théologique pour aujourd’hui, Québec, Anne Sigier , 1991.
[9] Constitution sur la Liturgie, n°10.